
Dans notre société moderne, il est courant d’entendre qu’il faut "gérer ses émotions". Mais que signifie réellement ce terme ? Et si, au lieu de chercher à contrôler ce qui vit en nous, nous apprenions simplement à accueillir nos émotions comme des messagères précieuses de notre monde intérieur ?
Comprendre l'émotion : un mouvement naturel de la vie
Le mot émotion vient du latin "motion" (mouvement) et du préfixe "é-" (vers l’extérieur). Une émotion est donc un mouvement de la vie qui cherche à s'exprimer à travers nous. Avant même que notre mental ne l’interprète, une émotion est une réaction physiologique, spontanée, brève, qui colore notre expérience du moment.
Selon le Dr Hans Selye, pionnier des neurosciences, l’émotion est liée à notre capacité d’adaptation. Face à un changement, une tension intérieure se manifeste pour nous aider à nous ajuster. Le stress, souvent mal compris, n'est rien d'autre que cette tentative naturelle d’adaptation.
Pourquoi avons-nous tant de mal avec nos émotions ?
Notre éducation y est pour beaucoup. Enfants, nos émotions ont été souvent réprimées ou mal accueillies : "Arrête de pleurer", "Tiens, une tétine", "Ce n’est rien". Sans espace pour ressentir librement, nous avons appris à nier, cacher ou avoir honte de nos émotions.
Résultat ? Adultes, nous pensons être seuls à ressentir ce que nous ressentons. Nous nous jugeons, nous nous invalidons. Pourtant, chaque émotion porte en elle un besoin fondamental.
L’émotion, un guide vers nos besoins essentiels
Derrière chaque émotion, il y a un besoin. Cette compréhension, simple mais profonde, peut révolutionner notre rapport à nous-mêmes et aux autres. Une étude aux États-Unis a montré qu’en expliquant aux parents violents que les pleurs d'un enfant sont souvent liés à une faim ou à un besoin de chaleur, les comportements maltraitants diminuaient significativement.
Ce n’est pas en supprimant les émotions que l’on apaise la souffrance, mais en écoutant ce qu’elles tentent de nous dire.
Comment (ré)apprendre à accueillir ses émotions ?
Quand on n’a pas eu la chance d’être accompagné dans l’apprentissage émotionnel, il n’est jamais trop tard pour :
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Sentir et faire confiance à ce qui se passe en soi, sans jugement.
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Identifier ses réactions disproportionnées pour chercher l’émotion cachée en dessous.
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Reconnaître les besoins associés et en prendre soin.
C’est ainsi que nous devenons, pour nous-mêmes, des parents nourriciers, capables de créer une sécurité intérieure durable.
Cultiver une nouvelle relation à soi
Accueillir ses émotions, c’est renouer avec notre humanité. C’est reconnaître que ce qui s’agite en nous n’a pas besoin d’être contrôlé, mais entendu.
À chaque instant, nous pouvons faire ce choix : accueillir au lieu de gérer. Offrir à notre enfant intérieur, et à celui que nous avons été, le regard bienveillant qu’il aurait toujours dû recevoir.
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